Maman solo

Celle qui était trop intense pour ce monde

Tu es trop intense : trop sage, trop exubérante, trop bavarde, trop forte , trop sensible, trop gentille, trop naive, trop calme, trop entreprenante, trop créative, trop …

C’est l’histoire d’une fille qui a passé sa vie à se contenir, à se faire discrète mais pour autant, à se faire remarquer parce qu’elle brille plus fort et même sans forcément s’en rendre compte.

C’est l’histoire d’une femme à qui on demande de rentrer dans le moule, de prendre de la distance, de se cadrer même si c’est génial parce qu’elle est extra-ordinaire, mais qu’elle l’est trop.

C’est l’histoire d’une femme qui est en définitive, trop intense pour ce monde.

Structures ta pensée, focus sur une chose à la fois, prends le temps, Attends, fais une pause, tu vas trop vite pour moi.

Toi c’est différent, tu es dans ton monde, tu es à part. Tu es loin devant et nous on arrive pas à te suivre. Tu fais peur.

Cette femme c’est moi, une cocotte minute en équilibre sur un lac au coucher du soleil.

Ces mots, ce sont des phrases entendu à mon égard et qui s’intensifient ces derniers temps.

Plus j’apprends à me découvrir et plus cette partie que je masquais explose et a envie d’exister.

C’est de plus en plus couteux , fatiguant et frustant de me contenir, d’essayer de rentrer dans une case, de faire comme tout le monde.

Alors un jour, j’ai fait ce que je me refusais à faire car ” c’est un effet de mode”, c’est très controversé, j’ai demandé à google : c’est quoi un adulte à haut potentiel.

Puis j’ai demandé, si ça existait un haut potentiel couplé à des troubles dys (car la dyscalculie j’avais déjà mis le doigt dessus quelques mois plus tôt). Comme ça existait et que quand même, il n’y a pas à tortiller, je cochais toutes les cases ou presque, j’ai pris rendez-vous pour faire les choses en règle.

Fin décembre j’ai eu un premier entretient avec une psychologue trop chouette qui s’occupe des enfants, ado et adultes neuro-atypiques. Elle m’a écouté, m’a dit que j’avais un profil fascinant et que j’étais extra-ordinaire (et ça c’est toujours agréable à entendre). Que le mieux serait de passer le test du WAIS-4 afin de comprendre mieux mon fonctionnement. Le WAIS-4 c’est le “test de QI” qui permet de mettre en évidence le HPI ou haut potentiel intellectuel. J’ai fait de la résistance, je ne voyais pas en quoi j’étais spécialement “intelligente” et puis d’abord ce genre de test j’y arrive pas car ça repose sur la logique mathématique et que je suis nulle à ça. Une amie qui l’a passé m’a rassuré, et puis la psy m’a dit que si trouble dys il y a , ça permettrait aussi de le mettre en évidence. Une fois déterminée, elle m’a dit que c’était déjà très, très courageux que d’accepter de le passer.

Je ressens ce besoin fort de mettre des mots sur des maux. De comprendre pourquoi je suis si à part et si intense. De pouvoir répondre au reste du monde de me laisser être différente, que je n’ai pas un problème mais plutôt une spécificité et qu’il m’ai parfois difficile de comprendre un fonctionnement qui semble habituel pour la majorité des gens.

Je l’ai passé ce fameux test. C’était pas désagréable. La psy était bienveillante, encourageante, rassurante. J’ai eu quelques retours rapides en direct mais il a fallu attendre encore quelques semaines pour faire le bilan.

Puis le verdict est tombé, il confirme ce que je pensais, j’ai ce qu’on appelle une douance, des aptitudes “exceptionnelles” dans certains domaines ( l’ICV ou indice de compréhension verbale et le balayage c’est-à-dire la vitesse de traitement d’une information par balayage visuel) et en parallèle, j’ai des troubles dys qui viennent parasiter avec un problème de flexibilité mentale. J’ai passé ma vie à compenser, à m’adapter, le hp masque la dys et la dys masque le hp. Ça fait un résultat dans la moyenne ( haute mais pas très haute) et dans le détail on observe des notes en dents de scie. Ça, c’est l’histoire de ma scolarité. Alors non, sur mon bilan psychométrique il n’y a pas noté que j’ai un HPI parce que devinez quoi, je ne rentre même pas dans cette case là 😀 mais j’en ai les caractéristiques . J’aimerais creuser le côté HPE (haut potentiel émotionnel ) qui me correspond plus et qui s’observe plus difficilement, avec des entretiens plus qualitatifs. La psy pense que ce n’est pas bien utile car l’essentiel est de savoir bien vivre avec ses forces et ses faiblesses. Concernant la dys (dyscalculie et probablement dyslexie ou dysortographie ), je vais faire un bilan orthophoniste mais à l’âge adulte il n’y a plus grand chose à faire, j’ai déjà appris à compenser pendant 30 ans et je m’en suis plutôt bien sortie jusque là.

Et après quoi ?

J’ai l’impression vraiment que plus je me découvre, plus ces parties de moi que je masquais, autant le HP que les troubles dys ont envie de faire coucou et de sortir de l’ombre. Alors plus j’en apprends et moins j’arrive à cohabiter avec. Je me suis sentie perdu en sortant de ce bilan car après tout je ne rentrais même pas dans le cadre classique d’un HP. Je suis un HP DYS et en lisant un article sur le sujet j’ai vue la phrase ” ce sont des personnes multiplement exceptionnelles ” alors j’ai trouvé ça beau et j’ai décidé de ne retenir que ça. Pourquoi rentrer dans une case même si elle est atypique, je suis unique, comme tout le monde mais peut être encore un peu plus !

Je m’attache désormais à trouver des outils pour gérer cette pensée en arborescence qui est réellement épuisante, croyez-moi. Je dois trouver comment relâcher la pression, faire sortir ce qu’il y a à sortir sans faire peur aux autres. Utiliser ma douance pour aller plus loin, prendre conscience de mes faiblesses en les acceptant. Accepter que le reste du monde ne fonctionne pas de la même manière et de le spécifier lors d’un accompagnement parce que du coup et bien, on ne va pas m’accompagner de la même manière. Le chemin est encore long, je m’entoure de professionnels bienveillants et compétents. Je compte réussir à me protéger tout en m’adaptant au monde dans lequel je vie et en restant qui je suis.

Le monde n’est pas prêt pour moi mais je vais faire en sorte d’exister quand même.

2 réflexions au sujet de “Celle qui était trop intense pour ce monde”

  1. Un ICV haut ça peut mettre en lumière un TSA sans déficience (ce qu’ils appelaient avant le syndrome d’Asperger), surtout quand il y a des difficultés rapportées par le patient. Le HPI ça n’explique rien et le HPE ça n’existe pas.

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