La course à la perfection , la pression qu’on se met, la culpabilité, la multitude de choix et cette intolérance de la part des autres, c’est dur d’être parent en 2018.
Les avancées de la médecine , de la science et je dirai même des neurosciences ont fait évoluer les mentalités concernant la façon d’éduquer un enfant, de le comprendre et de l’accompagner pour devenir un adulte bien dans sa tête et bien dans sa peau. L’évolution du matériel, des technologies, des exigences en matière de sécurité, la prise de conscience de notre impact écologique font que notre façon de consommer change et qu’on est noyés dans une multitude de choix et de possibilités. Puis il y a les courants de pensée qui vont et viennent, des tendances , des modes ou tout simplement une évolution des mentalités au fil du temps qui font qu’on se remet en question et cherche à suivre la tendance ou à contrario, à se mettre à contre courant. Pour finir il y a l’afflux d’informations contradictoires , la folie des réseaux sociaux et le culte du paraître qui fait que l’on passe notre temps à échanger mais aussi et surtout à se comparer, se juger, donner son avis ou le recevoir.
Il n’y a pas de parent parfait, c’est un fait. C’était vrai hier et ce le sera encore demain. Sommes nous de meilleurs parents que nos parents , nos grands parents ? Nos enfants seront-ils de meilleurs parents à leurs tours ? Cette course à la perfection est étouffante. Elle va avec notre système capitaliste qui nous pousse encore et toujours à nous dépasser, à faire mieux, à faire plus.
Être parent c’est difficile, c’est éprouvant et quel que soit l’époque. Mais être parent en 2018 j’ai l’impression que c’est se prendre une rafale dans la tronche, que dis-je , un tsunami.
Pour vivre heureux vivons cachés, c’est bien là une thèse épicurienne sur la recherche du bonheur. Sartre disait aussi que l’enfer, c’est les autres. Dédicace à mon prof de philosophie, 10 ans que j’ai passé un BAC littéraire 🙂
Imaginez les parents qui entrent pour la 1er fois dans un magasin de puériculture. La future maman a une cacahuète dans le ventre et tous deux ont un sourire niais. Ils ne le savent pas encore mais ils vont ressortir de là avec le cerveau en bouilli et la sensation d’être complètement paumé. Cette sensation ne nous quitte plus trop en fait. Du jour où on se lance dans l’aventure de la parentalité avec la phase pas forcément simple pour tout le monde de la reproduction (j’ai bien dit se reproduire car s’accoupler, ça, on sait tous faire 😉 ) jusqu’au jour où on ferme les yeux définitivement, on sent perdu face à ses enfants, avec toujours l’envi de faire au mieux. La première étape c’est donc la conception puis , la gestation. Ce temps de préparation nécessaire avant le grand bouleversement. Pendant ce temps là on organise, on se renseigne, on apprend :
Comment le nourrir, l’occuper, le changer, l’habiller, le promener, le coucher. Toute une organisation matérielle qui poussent les parents à devoir se projeter. Choisir si berceau cododo ou lit à barreau dans sa chambre, si poussette trio ou moyen de portage, si sein ou biberon, si tapis d’éveil ou parc etc … C’est bien difficile en tant que conseiller vendeur d’accompagner les parents à s’organiser sans savoir comment ça va se passer en réalité. Quels sont leurs envies avant même d’avoir leur bébé dans les bras.
Puis vient le moment de la naissance. Cette grosse claque suivie d’un grand moment de solitude : bordel c’est qui ce petit humain , je dois faire quoi ?
Concernant la façon dont on “doit” s’occuper d’un enfant il y a tout et son contraire et chacun y va de son petit conseil, son expérience, son opinion. Si on manque de confiance en soi en tant que parent on se fait inonder. Déjà qu’on est paumé et crevé, autant dire qu’on est loin, loin … Soit on écoute son entourage et on applique sans réfléchir soit on prend les devants et on va chercher l’information. Et là c’est le début de la fin car de l’information il y en a en veux tu en voilà !
Coucou le maternage proximal (cododo, portage, allaitement .. ), l’éducation bienveillante, la motricité libre, les pédagogies alternatives, le minimalisme, la slow life, l’objectif zéro déchets , la DME , la HNI , signer avec bébé etc … Plus on en apprend et plus on se noie ou plus on s’enferme. Soit on applique bêtement à la lettre, soit on sait encore moins quoi faire, soit on papillonne à droite à gauche.
–Ceux qui appliquent à la lettre s’enferment, se sectorisent et deviennent souvent intolérant à la différence alors qu’ils sont le plus souvent eux même à contre courant.
–Ceux qui ne savent plus quoi faire sont à la recherche d’un maître à penser, d’un guide , d’un influenceur et perdent à la fois leur pouvoir de décision et leur confiance en eux.
-Puis ceux qui prennent de la distance, papillonnent et se font leurs propres idées arrivent pas trop mal à s’en sortir mais à force de papillonner on peut quand même avoir bien du mal à être sur tous les fronts et je fais clairement partie de cette catégorie.
La discorde est le plus grand mal du genre humain, et la tolérance en est le seul remède. Voltaire
C’est un peu là où je voulais en venir. À trop vouloir bien faire on se perd soi même et on devient intolérant autant envers soi même qu’avec les autres.
Très souvent je me dis “mais comment ils font les autres, bordel !?”. Exemple typique de chez moi, je voie passer deux nénettes de max 18 ans avec leurs bébés dans des poussettes ou des enfants à bout de bras . Bon, première réaction , je juge intérieurement et je me pavane avec ma fille en trottinette, une compote maison bio et un livre “Balthazar découvre les lettres ” dans son joli sac, un casque noté 10/10 au crash test sur la tête (je plaisante ya juste la trottinette et moi qui négocie en perdant ma bienveillance avec ma fille pour qu’elle arrête de bouder au milieu du trottoir car c’est pas la bonne couleur de goudron alors qu’on est en retard). En vrai je me demande , es ce qu’elles galèrent autant que moi ces petites jeunes dont les enfants mangent un paquet de chips à 10h bien emmitouflés dans leurs poussettes rose à motif léopard avec les titounis sur le smartphone pendant que les mamans papotent, une cigarette au bec. Es-ce qu’ils galèrent et es-ce qu’ils sont heureux ces gens qui n’ont pas une énorme et pesante réflexion sur l’enfance ? Et je crois que c’est là la clef. Es-ce vraiment important de se prendre la tête sur le moindre fait, le moindre achat, le moindre sujet de discussion. Et puis surtout es-ce nécessaire de propager tel un messie des messages car ce qu’on pense, c’est forcément LA façon dont tout le monde devrait penser ?
Nous ne sommes pas obligés d’opter pour le pack complet du parent alternatif. Ce n’est pas parce qu’on est sensible à un sujet qu’on doit l’être sur un autre et chacun a sa vérité propre. Puis l’essentiel c’est d’être heureux, bien dans son corps, bien dans sa tête. Si tes convictions t’isolent et t’empêchent de vivre, revois peut être tes exigences, non ? Es-tu obligée d’être toujours un modèle pour ta famille et ton entourage ou n’as tu pas envie de relâcher la pression et lâcher prise ?
Ne peut-on pas se contenter de sa petite famille, ses petites et grandes galères et laisser les autres tranquilles ? Ne peut-on pas s’entraider plutôt que se juger mais s’entraider sans imposer sa façon de fonctionner ?
C’est possible d’arrêter cette course à la perfection, cette culture du paraître qui n’entraîne que du stress, de la culpabilité et de la jalousie ou du moins de l’envie ?
Peut-on fermer les livres sur la parentalité , éteindre son smartphone et VIVRE sa vie , être heureux comme on en a envie ?
Être parent c’est difficile, on avance à tâtons toute sa vie en espérant faire au mieux et que ça suffise. Peut-on envisager d’être plus cool sur ses propres exigences et faire fit du regard des autres ?
What is the question et bon courage à tous les parents ,quels que soient vos choix.
Coucou
Tellement d’accord… À trop vouloir être parfaits on est épuisés et on passe certainement à côté de plein de choses…. je m’énerve aussi très vite (disons je suis vite agacée, il se fait gronder mais rarement des cris ou la voix qui s’élève) , et suis très exigeante avec moi même et aussi avec lui. Souvent je m’en veux, j’aimerais être plus cool avec lui, le laisser vivre.
J’essaie de gérer mon côté angoissé, je suis derrière son dos constamment de peur qu’il lui arrive qqc, là il est parti en vacances avec ma mère j’ai l’impression qu’il manque une partie de moi ….
Merci infiniment pour cet article qui résonne en moi!
C’est exactement ce que j’ai vécu en devenant maman (et c’était en 2005 pour moi!) “Incarne le changement que tu veux voir”, chacun faisant sa part de Colibri. Confiance et Respect, Tolérance et Entraide, Optimisme et Persévérance, on va y arriver! toutes ces valeurs pour un monde meilleur…
On y croit 🙂